• ETE 18

     

    ETE 18


    Le vent d’autrefois

    Il est minuit et demi
    Le vinyle tourne
    Toujours
    Ce vent d’autrefois

    Café, et encore du café
    Ses yeux diamants
    Inconscients
    Ne se cachent jamais

    L’encre des idées
    A peine séchée
    Et tout est repris
    Tout est réécrit à nouveau

    Le rythme de la basse
    Coule à travers son corps
    Comme du chocolat fondant
    Dans la bouche veloutée
    De celle qu’il aime

    Jules Delavigne, 2006
     

     

     

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  • ETE 1

    ETE 1


    Juin

    Les prés ont une odeur d’herbe verte et mouillée,
    Un frais soleil pénètre en l’épaisseur des bois,
    Toute chose étincelle, et la jeune feuillée
    Et les nids palpitants s’éveillent à la fois.

    Les cours d’eau diligents aux pentes des collines
    Ruissellent, clairs et gais, sur la mousse et le thym ;
    Ils chantent au milieu des buissons d’aubépines
    Avec le vent rieur et l’oiseau du matin.

    Les gazons sont tout pleins de voix harmonieuses,
    L’aube fait un tapis de perles aux sentiers,
    Et l’abeille, quittant les prochaines yeuses,
    Suspend son aile d’or aux pâles églantiers.

    Sous les saules ployants la vache lente et belle
    Paît dans l’herbe abondante au bord des tièdes eaux ;
    La joug n’a point encor courbé son cou rebelle,
    Une rose vapeur emplit ses blonds naseaux.

    Et par delà le fleuve aux deux rives fleuries
    Qui vers l’horizon bleu coule à travers les prés,
    Le taureau mugissant, roi fougueux des prairies,
    Hume l’air qui l’enivre, et bat ses flancs pourprés.

    La Terre rit, confuse, à la vierge pareille
    Qui d’un premier baiser frémit languissamment,
    Et son oeil est humide et sa joue est vermeille,
    Et son âme a senti les lèvres de l’amant.

    O rougeur, volupté de la Terre ravie !
    Frissonnements des bois, souffles mystérieux !
    Parfumez bien le coeur qui va goûter la vie,
    Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux !

    Assez tôt, tout baignés de larmes printanières,
    Par essaims éperdus ses songes envolés
    Iront brûler leur aile aux ardentes lumières
    Des étés sans ombrage et des désirs troublés.

    Alors inclinez-lui vos coupes de rosée,
    O fleurs de son Printemps, Aube de ses beaux jours !
    Et verse un flot de pourpre en son âme épuisée,
    Soleil, divin Soleil de ses jeunes amours !

    Charles Leconte de Lisle, Poésies diverses
     

     

     

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    DIVERS 9

      DIVERS 9

    Tristesse d’été

    Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
    En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
    Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
    Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

    De ce blanc flamboiement l’immuable accalmie
    T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux
    » Nous ne serons jamais une seule momie
    Sous l’antique désert et les palmiers heureux ! »

    Mais la chevelure est une rivière tiède,
    Où noyer sans frissons l’âme qui nous obsède
    Et trouver ce Néant que tu ne connais pas.

    Je goûterai le fard pleuré par tes paupières,
    Pour voir s’il sait donner au coeur que tu frappas
    L’insensibilité de l’azur et des pierres.

    Stéphane Mallarmé

     

     

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