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     À Aurore

    La nature est tout ce qu’on voit,
    Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
    Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,
    Tout ce que l’on sent en soi-même.

    Elle est belle pour qui la voit,
    Elle est bonne à celui qui l’aime,
    Elle est juste quand on y croit
    Et qu’on la respecte en soi-même.

    Regarde le ciel, il te voit,
    Embrasse la terre, elle t’aime.
    La vérité c’est ce qu’on croit
    En la nature c’est toi-même.

    George Sand

     

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  • Paysage

    Midi. L’astre au zénith flamboyait dans les cieux.
    L’azur immaculé, profond et radieux,
    Posait sur l’horizon sa coupole sereine.
    Le fleuve au loin passait, lent, sur la brune arène.
    Des vallons aux coteaux, des coteaux aux vallons,
    Les champs jaunis ou verts prolongeaient leurs sillons.
    Sur les versants ombreux des collines prochaines
    La forêt étageait ses hêtres et ses chênes.
    Ce n’est plus, ô printemps ! tes riantes couleurs ;
    C’est l’été mûrissant aux fécondes chaleurs.
    Sous les soleils d’août, d’une teinte plus dure,
    L’arbre à l’épais feuillage assombrit sa verdure ;
    La fraîcheur a fait place à la force ; l’été
    Resplendit dans sa flamme et sa virilité.
    Aux fleurs ont succédé les fruits, — saintes richesses
    De l’homme ; — la nature a rempli ses promesses.

    Il est midi. Planant dans l’immobilité,
    L’astre épanche sa flamme avec tranquillité.
    Le vent s’est assoupi, la forêt est paisible.
    Parfois, sous les rameaux, l’oiseau chante, invisible,
    Puis se tait, fatigué de lumière, et s’endort ;
    Les abeilles, les taons des bois, les mouches d’or,
    Enivrés des rayons qui tombent des ramures,
    Sur l’herbe tiède et molle éteignent leurs murmures :
    La lumière au silence, hymen mystérieux,
    S’accouple dans la paix des bois et dans les cieux.

    Paix sainte des grands bois ! paix des cieux pleins de flamme !
    Heureux, heureux qui peut, dans ses yeux, dans son âme,
    Sans pleurs, sans deuils poignants, sans regrets acérés,
    Paix saintes, recevoir vos effluves sacrés !
    Heureux l’esprit sans trouble, heureuse la paupière
    Que le silence enivre et qu’endort la lumière,
    Qui jouit d’un beau jour sans le voir se ternir
    Des ombres qu’après soi traîne le souvenir !

    Auguste Lacaussade, Les Automnales (1876)

     

     

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    Sensation

    Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
    Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
    Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
    Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

    Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
    Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
    Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
    Par la Nature, – heureux comme avec une femme.

    Arthur Rimbaud, Poésies


     

     

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