• Pâques




    Pâques

    De
    Rome, hier matin, les cloches revenues
    Exhalent un concert glorieux dans les nues.

    L'écho puissant qui flue et tombe de la tour
    Vient magnifier l'air et la terre à leur tour,

    L'oiseau, sanctifié par l'or des salves saintes.

    Lui-même entonne un hymne aimable et, las de plaintes,
    Clame l’alléluia sur un air de chanson.
    Dans l'arbre, au ras des prés, et parmi le buisson.

    L'alouette, un motet au bec, s'est envolée ;
    Le rossignol a salué l'aube emperlée

    D'accents énamourés d'un amour plus brûlant,
    Et comme lumineux d'un bonheur calme et lent.

    Le printemps, né d'hier, allègrement frissonne ;
    La nature frémit d'aise, et voici que sonne

    Partout dans la campagne, au cœur des vieux beffrois
    De l'allier campanile et du palais des rois.

    Et de tous les fracas religieux des villes

    Des
    Paris aux
    Moscou, des
    Londres aux
    Séville.

    Le frais appel pour l'aime célébration
    De l'almissime jour de résurrection ...

    La colombe vole au sillon et l'agneau broute.
    Dis-nous,
    Marie, qui tu rencontras en route ?

    Le fleuve est d'or sous le soleil renouvelé... «
    C'est le seigneur : en
    Galilée il est allé ! »

    Ah ! que le cœur n'est-il lavé dans l'or du fleuve !
    Sanctifié dans l'or des cloches, l'âme veuve !

    Et que l'esprit n'est-il humble comme l'agneau.
    Blanc comme la colombe en ce clair renouveau,

    Et que l'homme, jadis conscience introublée.
    N'est-il en route encore pour la
    Galilée !
    Paul Verlaine

    Sylvie Erwan 

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